Du 27 juillet au 02 août : le Maramures (prononcer "Maramourech" en roulant les "r")

Vendredi 27 Juillet 2001:
Le jour tant attendu est enfin arrivé. Nous nous levons tôt et quittons le domicile à 4 heures, avec 32 852 km au compteur. Nous espérons faire environ 1200 km dans la journée. Le ciel est ensoleillé. Il fait plus de 30 °. Au volant, nous nous relayons tous les 250 km environ, de manière à pouvoir se reposer entre temps. Le trafic est chargé mais fluide, nous roulons sans problème. A la frontière Autrichienne, il faut acheter la vignette des autoroutes (105 ATS). A 18 h 15, nous arrivons au camping "Méga Fun" de St Pölten (181 ATS pour la nuit = environ 90 FF ou 13,72 €). Le compteur marque 34 068 km: nous avons parcouru 1216 km dans la journée, nous sommes bien fatigués !

Bonne surprise, cette année: le revêtement des autoroutes allemandes et autrichiennes s'est bien amélioré, et des travaux importants ont permis d'augmenter le nombre de voies de circulation. Nous n'avons eu de ralentissements qu'aux endroits où les travaux ne sont pas terminés, et pas de bouchons à Frankfurt !

 

Samedi 28 juillet:

Nous quittons le camping à 7 h 30: le ciel nous annonce déjà une chaude journée, quel bonheur ! Nous traversons Vienne sans problème, passons la frontière Austro-hongroise en 15 minutes, et rachetons une vignette pour l'autoroute M1 de Hongrie (3500 Ft jusqu'à Budapest). Nous contournons complètement Budapest par une voie rapide, ce qui nous fait gagner beaucoup de temps. Nous sortons de l'autoroute à la hauteur de Dabas en re-payant 1150 Ft depuis Budapest.
Comme les années précédentes, à peine sortis de l'autoroute, nous voyons sur le bas-côté des prostituées cherchant du "travail". Mais ce seront presque les seules que nous verrons cette année. Est-ce que le détournement de la plupart des camions par l'autoroute leur ont fait perdre de la clientèle? Passions-nous un jour "creux" ? Nous n'avons pas la réponse à ces questions.
La route vers Debrecen et la Roumanie nous paraît longue, et le ciel devient menaçant, mais nous atteignons la frontière hungaro-roumaine vers 18 h sans une goutte de pluie. Le compteur indique 34 758 km: nous avons parcouru 690 km depuis ce matin, 1906 km depuis la veille.

Nous sortons assez rapidement de la Hongrie, mais nous attendons 3/4 d'heure à la frontière roumaine: les vérifications sont plus longues.
Après la frontière, nous voyons plusieurs mariages (nous sommes samedi), mais nous laissons ces gens à leur joie et continuons vers le Nord. Dans un village, nous suivons un gros troupeau de vaches que nous finissons par doubler. Nous arrêtons à Calinesti-Oas, sous un orage violent. Nous avons parcouru aujourd'hui presque 750 km. Nous trouvons un emplacement pour passer la nuit sur une petite place dans le village. Non loin de là, des jeunes discutent à l'abri près d'un "Magazin Mixt", mais vers 22 h, tout le monde s'en va car le magasin ferme.

 

Dimanche 29 juillet:

La nuit a été calme et sèche. Nous nous sommes bien reposés. A la première station service, nous négocions l'achat de Gas Oil pour 10 US $, car nous n'avons pas encore de Lei. Le pompiste fait ses calculs et nous sert 22,84 litres de carburant à 12 500 Lei le litre sans nous arnaquer je crois.
Nous passons revoir le "gai cimetière" de Sapînta, célèbre pour ses croix sculptées, peintes aux visages des paysans et aux longs épitaphes. Stan Patras a commencé à faire ces croix en 1935. Les écrits en vers sont les biographies amusantes des personnes décédées avec leurs défauts, leurs qualités, leurs rêves et leurs peines. (Entrée payante, possibilité de visite guidée en Français).
Nous passons ensuite à Sighetu Marmatiei, et nous continuons vers Rozavlea où nous arrivons à midi sous une petite pluie.
Nous retrouvons nos amis Liliana et Ion (dentiste et médecin au dispensaire), avec émotion et beaucoup de joie. Nous refaisons connaissance avec leurs deux filles Liana et Ioanna que nous n'avions pas revues depuis 1992. Comme elles ont changé ! Liana est maintenant une très jolie jeune fille de 15 ans et Ioanna sa sœur de 9 ans va suivre le même chemin !

Aussitôt après les effusions, nos amis nous demandent de garer le camping-car dans la cour du dispensaire, bien à l'abri. Nous visitons la maison qu'ils habitent depuis 2 ans et dont la construction avait commencé en 1995. Maintenant, ils sont beaucoup plus à l'aise que dans leur ancien appartement, ils sont juste à côté de leur dispensaire, mais ils n'ont toujours pas l'eau courante !
Le soir après le repas, promenade dans le village. Nous y voyons qu'il existe maintenant pas mal de chambres d'hôtes et aussi des maisons neuves de dimensions importantes. Ces dernières auraient été financées à l'aide de l'argent des parcmètres et horodateurs parisiens, nous a-t-on soufflé !
Nous visitons le Motel du village, ouvert depuis peu: chambres confortables avec salle de bains à 300 000 Lei pour 2 personnes (13 €). Nous buvons un verre et discutons avec le patron. Nous le quittons vers 22 h et faisons la route dans le noir. Au passage, nous visitons à nouveau la boulangerie dans laquelle des travaux d'embellissement et d'hygiène ont été réalisés depuis 5 ans, c'est bien.

 

Lundi 30 Juillet:
Ce matin, le temps est clair. Nous faisons notre toilette au dispensaire, car le bâtiment est équipé d'une pompe électrique qui envoie l'eau sous pression dans les canalisations.
Petit déjeuner local (mamaliga + crème + gras de lard chaud) puis café au lait. Le temps est maintenant bien ensoleillé, il fait 30°, nous partons pour Sighetu changer de l'argent. Nous obtenons 3 600 000 Lei contre 1000 F ou 152,45 €, puis nous faisons quelques achats: 40 timbres (hors de prix pour la France), 1 saucisson, une bouteille de 2 l d'eau, 46,63 l de Gas Oil. Nous avons déboursé 1 223 000 Lei ! Nous n'avons pas encore l'habitude des sommes importantes et l'argent nous semble partir bien vite !
L'après-midi, Liliana nous propose de rendre visite à une institutrice de Botiza. Elle parle un peu le français, ce qui nous arrange bien. Après une tuica de bienvenue (alcool de prune traditionnel), elle nous emmène chez sa mère qui est en train de laver ses tapis dans l'eau du torrent, et nous visitons sa distillerie de tuica. En rentrant, elle nous présente le métier à tisser sur lequel elle fabrique de superbes pièces et invite Colette à s'y essayer ! Puis nous enfilons 2 superbes costumes folkloriques, et nous essayons de danser en écoutant de la musique folklorique locale !
Mais nous devons déjà nous quitter car les 2 filles de nos hôtes ont un cours de danse folklorique à l'école de Rozavlea à 19 h. Nous assistons à la répétition pendant 1 h, et nous sommes épatés de voir 30 enfants de 6 à 15 ans s'appliquer et prendre beaucoup de plaisir à perpétuer les traditions régionales.
Avant de manger, nous offrons un Ricard, et nos amis trouvent l'apéritif français très bon !

 

Mardi 31 juillet:

Superbe temps ensoleillé ce matin. Pendant que Colette fait un peu de lessive, je monte sur la colline photographier l'ensemble du village, puis nous allons au marché local où nous relevons les prix suivants:
1 kg de tomates: 7 000 Lei ou 0,30 €, 1 pain: 8 000 Lei ou 0,35 €, 1 kg d'oranges: 35 000 Lei ou 1,52 €, 1 l d'huile de tournesol: 20 000 Lei ou 5,72 €.

L'après-midi, nous téléphonons à Viseu de Sus pour savoir si toutes nos réservations sont en ordre pour l'excursion du lendemain dans la vallée du Vaser. Puis nous nous préparons pour partir et faisons quelques photos avant de nous quitter. Ion connaît ma faiblesse pour son excellente tuica et m'en offre 2 bouteilles: je penserai à lui en la dégustant chez moi ! Nous nous séparons à regret vers 17 h en promettant d'écrire et de téléphoner de temps en temps pour donner des nouvelles.

Arrivés 1 h plus tard à Viseu de Sus, nous allons immédiatement à l'Office du Tourisme faire la connaissance de Ion Sabau. J'avais correspondu avec lui par Internet pour faire mes réservations de France. Il nous explique le programme du lendemain et nous conduit chez un ami où nous pourrons passer la nuit et laisser le camping-car en toute sécurité pendant 2 jours. Après le repas, nous décidons d'aller en reconnaissance jusqu'à la gare de départ du train à vapeur, et nous constatons qu'il nous faudra demain matin 25 mn de marche pour y arriver. Nous demandons à notre hôte un réveil qui sonnera à 5 h car le train démarre à 7 h précises.

 

Mercredi 1er et Jeudi 2 Août 2001 --> vallée du Vaser en locomotive à vapeur

Nuit très calme, lever 5 h, déjeuner, préparation des sacs à dos, puis départ pour la gare à 6 h 15. Beaucoup d'agitation là-bas: quelques touristes, des forestiers et des cheminots s'affairent pour un départ prévu dans 1/4 d'heure. Nous achetons les billets (30 DM aller et retour pour 2 personnes) et nous attendons le train bien sagement en observant les mouvements des wagonnets qui se préparent pour monter en forêt.
Le train d'une des 2 compagnies (privées) s'ébranle enfin vers 7 h 30, mais nous attendons toujours. On nous demande de patienter un peu, mais nous ne savons pas pourquoi. Notre train est enfin formé, deux chevaux (pour le travail en forêt) sont montés sur une plate-forme à l'air libre qu'ils devront partager avec les quelques touristes (une dizaine en tout).
Vers 8 h 30, nouvelle agitation en queue de train: un tracteur vient d'arriver avec trois barils de 200 litres de carburant qu'il faut décharger et placer sur des wagonnets (ils sont destinés aux forestiers pour les machines) . Cette livraison essentielle avait du retard et nous a occasionné 2 h d'attente.
Départ à 9 h. Quelques personnes sont montées sur la plate-forme avec les chevaux. Nous sommes dans une voiture en bois couverte dont une partie peut contenir une dizaine de personnes assises sur des planches. Une demi-heure après le départ, premier arrêt de 15 minutes près d'une scierie pour faire le plein de bois (environ 2 à 3 stères) dans l'autre partie de notre voiture, juste derrière la locomotive qui a 100 ans. Mais pendant cet arrêt, une bonne partie des voyageurs qui étaient sur la plate-forme nous rejoignent avec leurs bagages. Pourquoi? tout simplement parce que les "escarbilles" de charbon de bois s'échappant de la cheminée de la locomotive sont tombés sur eux, les ont brûlé et ont troué leurs vêtements et bagages en de nombreux endroits ! Puis tout le long du parcours dans cette vallée, nombreux autres arrêts (bois, plein d'eau de la machine, descente de forestiers, des tonneaux de carburant, des chevaux, travaux sur la voie ...). Bref, après avoir parcouru 30 km, nous arrivons enfin à Faina, et il est 15 heures ! La vitesse maximum du train est de 30 km/h, mais nous avons voyagé à 5 km/h de moyenne !!!
Nous continuons notre chemin à pied le long de la voie ferrée pendant 7 km pour rejoindre notre logement: un superbe bungalow spacieux en bois sans eau ni électricité ! Puis nous repartons nous promener 2 h, toujours le long de la voie, car il n'y a aucun chemin dans cette vallée. Nous longeons la rivière, il fait beau, nous sommes seuls, c'est merveilleux !
Nous rentrons juste avant un gros orage, et faisons la sieste. Le repas du soir est vite expédié: pain, saucisson, tomates, cascaval (fromage) et pommes. A 20 h 30, il commence à faire noir: nous nous couchons ...

Quelle nuit ! Pas un bruit, pas un souffle: le calme de la solitude ! Le temps est magnifique ce matin: nous allons voir le travail des forestiers non loin de notre bungalow. Ils ont à leur disposition des gros engins mécaniques, des tronçonneuses et des chevaux. Leur travail est pénible: l'abattage se fait très haut sur la colline, et ce sont deux chevaux qui descendent 4 à 6 troncs sur des pentes vertigineuses, c'est impressionnant ! Les forestiers n'ont pas non plus la belle vie: cabanes sommaires en bois sans eau ni électricité. Nous pouvons je crois comparer leurs conditions de vie à celle des pionniers du Far-West il y a 200 ans. Décidément, la visite de cette vallée est un peu un voyage hors du temps !
Nous redescendons vers la gare de Faina, car nous ne savons pas avec précision quand part le train.
Nous pique-niquons au bord de la rivière, puis nous allons visiter une petite chapelle contenant un portrait de Sissi, et un monument commémoratif de la mort de 4 militaires tués ici en 1916 et 1917. De retour à la gare, nous n'attendons pas longtemps le train. Ce dernier accroche 7 wagons chargés de troncs d'arbres et à 14 h nous voilà partis. Cette fois-ci, nous sommes dans 2 grandes voitures couvertes, assis normalement sur de vieux sièges en bois. Mais nous ne serons plus brûlés par les escarbilles de la locomotive !
Moins d'arrêts pour redescendre que pour monter: nous arrivons à Viseu à 17 h 45. Nous sommes accueillis chez nos hôtes par une tuica, et nous parlons tourisme avec un autre couple qui se débrouille très bien en Français. Mais notre programme nous impose de plier bagage vers l'est... Nous arrivons au col de Prislop (1416 m) où nous passerons la nuit. Nous sommes bientôt entourés par un troupeau de 200 moutons qui rentre à la bergerie proche. Plus tard, un car de jeunes Tchèques s'installe près de nous avec leurs tentes, puis un couple de Roumains avec une caravane, ce qui n'est pas courant ici.